Vivre au Costa Rica : entre rêve et réalité

Avant de tout plaquer pour venir vivre au Costa Rica, j’ai une question pour vous : savez-vous vraiment où vous mettez les pieds ?

Vous n’aimez plus la politique de votre pays ? Vous rêvez d’un ailleurs, d’un petit coin de paradis pour fuir ce qui vous dérange ? Très bien, mais permettez-moi de vous poser quelques questions simples :

Savez-vous qui est le président du Costa Rica ? Connaissez-vous la situation politique du pays ? Savez-vous si l’avortement est légal ici ? Le mariage homosexuel ? L’adoption pour tous ?

Qu’en est-il de la législation sur le cannabis médical ?

Quelle est la place des femmes dans la société costaricienne ?

Et la religion, vous êtes au courant de l’importance de la foi catholique ici ?

Avez-vous pris le temps de vous renseigner sur ce que pensent les Costariciens de l’arrivée massive de gringos qui achètent des terrains, construisent, et parfois coupent des arbres sans même comprendre l’environnement autour d’eux ?

Peut-être, et ce n’est qu’une suggestion, faudrait-il faire un peu plus de recherches avant de décréter que ce pays va vous "sauver" de votre propre réalité.

Et si vous ne voyez pas l’ironie profonde dans le fait que des immigrants riches descendent vers le sud à la recherche de liberté, pendant que d’autres, plus démunis, qui montent vers le nord pour survivre, sont enfermés dans des camps ou expulsés… alors j’ai vraiment besoin que vous réexaminiez votre privilège et vos convictions politiques.

Je sais, tout ça peut paraître dur. Peut-être que je brise votre rêve d’une retraite paisible à siroter des bières Imperial en tongs au bord de la mer. Mais parfois, il faut être un peu sec pour réveiller les consciences. Moi aussi je suis une gringa, je suis venue de l’extérieur. Et aujourd’hui, je ne peux plus rester silencieuse en regardant les gens débarquer ici comme si le Costa Rica était l’équivalent géographique de l’Ozempic.

Fuir ses problèmes, ce n’est pas les résoudre. S’installer sous les tropiques ne va pas soigner votre âme par magie. Si vous avez des changements à faire dans votre vie, commencez maintenant, là où vous êtes, dans votre salon. N’attendez pas d’avoir “atteint le paradis” pour devenir une meilleure personne, car vous serez exactement la même ici qu’ailleurs – sauf qu’avec la chaleur extrême, les coupures d’eau, l’humidité et les défis du quotidien… il y a de fortes chances que vous soyez encore plus irritable ici qu’avant.

Vous avez peur des araignées en Californie ? Marre des fourmis dans le sud de la France? Les chauves-souris, scorpions, serpents vous répugnent ? Devinez quoi : ils sont tous ici, prêts à vous donner une sacrée leçon si vous êtes ouverts à l’apprendre. J’ai vu trop de gens s’installer dans mes appartements – en pleine ville, pas même en pleine jungle – et paniquer au moindre insecte. Oui, ce pays fait 0,03 % de la surface terrestre, mais abrite 5 % de la biodiversité mondiale. Et non, ce n’est pas que des papillons et des toucans. Donc si votre premier réflexe est de tout empoisonner pour ne plus voir un insecte chez vous, sachez que vous tuez aussi les crapauds, grenouilles, lézards, crabes, scorpions et autres petits trésors vivants qui font la richesse de cet écosystème.

Ce pays est magique, c’est vrai. Il est magnifique. Mais il ne vous doit rien. Vous n’êtes pas spécial ici. Vous n’avez pas plus de valeur que le paresseux suspendu à une branche, l’iguane sur son rocher ou l’oiseau qui pêche dans la rivière.

La jungle a son propre rythme. Si vous savez vous adapter à elle, alors peut-être que vous trouverez votre place ici. Peut-être même que vous changerez, profondément. Mais si vous arrivez avec l’intention de plier cet environnement à vos besoins, vous allez droit dans le mur.

Alors… vous êtes toujours sûrs que le Costa Rica est fait pour vous ?